[Washington] Première collaboration musclée (+peggy, howard)

La première pensée qui me vint à l'esprit lorsqu'un bruit sourd se fit entendre dans le micro fut « merde ». Si Mornet avait découvert que nous étions en train de l'espionner, la collaboration avec lui s'annonçait des plus délicates -je ne connaissais personne qui, se découvrant sur écoute, acceptait de faire comme si de rien n'était pour bâtir une relation de confiance mutuelle. Mais peut-être en serait-il différent, puisqu'au lieu de détruire immédiatement le micro, il le confia à l'un de ses agents, en disant qu'il souhaitait le rendre à Howard en bon état de fonctionnement.
Ensuite, il y eut un long moment sans un mot de la part de l'agent qui avait récupéré le micro. Sir Mornet avait probablement disparu dans les bureau du sénateur Roose...
Je me tournai vers Howard :

Je ne savais même pas si cela était possible, mais l'ingénieur -de génie, il fallait bien le reconnaître- qui se tenait à côté de moi devait avoir la réponse. Si elle était positive, il était urgent de détruire nous-même le micro, ou au moins de couper les communications avec celui-ci. Nous ne pouvions pas laisser un presque étranger avoir des oreilles dans l'un des bureaux les plus sécurisés de la planète !
Et soudain, Mornet parla de nouveau dans le micro :

Je n'aimais pas le ton à la fois mielleux et sans appel qu'il avait utilisé -il me rappelait bien trop les hommes de l'armée, qui se croyaient supérieurs à moi à cause de leurs attributs masculins. De manière générale, une bonne droite de ma part réglait les choses, mais dans le cas présent, je ne pouvais tout simplement pas me livrer à de telles extrémités.
Faisant signe à Howard de se taire, je répondis à notre peut-être futur collaborateur d'une voix neutre :

Je marquai une pause pour appuyer mon propos, avant de reprendre :

Je prenais de la marge. Je n'avais en effet aucune idée de l'endroit où les responsables des archives gardaient les documents sur l'ex-scientifique d'HYDRA et son équipe !

Planta là mon associé, je me dirigeai à toute vitesse vers l'ascenseur, puis vers les archives, et fus surprise de la rapidité avec laquelle le responsable me donna le carton contenant les informations que je lui avais demandées. Décidément, nous avions bien fait d'engager une bibliothécaire pour gérer les archives, elles étaient parfaitement bien organisées !
Une fois les documents récupérés, je filai au sous-sol, où j'attendis Howard -il s'était à peine écoulé dix minutes depuis que j'avais quitté le bureau.

Ohoh ! Alors comme ça, Mornet avait trouvé mon micro ! Merde. Bon, en même temps, ça devait probablement être dû au hasard, si le type ne l'avait pas remarqué avant. M'enfin, ça nous mettait -Peggy et moi- dans la bouse, puisqu'il allait pouvoir revenir en force en clamant haut et fort que, malgré une proposition de collaboration, le SHIELD l'espionnait, etc.
Dans tous les cas, nous en savions assez pour l'interroger sur ses activités avant de confirmer la fusion de l'ITF et du SHIELD -ce qui était un avantage pour nous.
Et comme ça, il voulait me rendre mon micro ? Gentil garçon bien élevé. Vraiment sympa, parce que j'avais passé des heures à miniaturiser le machin pour qu'il soit le plus discret possible, alors j'appréciais qu'il en prenne soin.
L'inquiétude de Peggy, cependant, n'était pas infondée. Il était possible de renverser le canal de communication, et de se servir du micro comme d'un haut-parleur afin de pouvoir écouter ce qu'il se passait dans mon bureau. Toutefois, les modifications à mettre en oeuvre pour arriver à cela étaient complexes, délicates, et requéraient un certain niveau de connaissances en télécommunications et en mécanique. Je doutais forcement que notre lord anglais ait eu le temps, entre ses dîners chez le Roi d'Angleterre et la gestion des affaires internes de la TIF, de s'intéresser à ces sujets d'ingénierie.
Je m'apprêtais donc à rassurer Peggy sur la probable incapacité de Mornet à mettre en oeuvre pareille configuration, lorsque la voix d'un mielleux écoeurant du lord résonna dans la pièce -ah, tiens, il utilisait le micro finalement ?

Je retins un rire lorsque Peggy lui précisa qu'il était prié de l'appeler Agent Carter -elle avait encore un peu de mal avec le Directrice Carter, de toute évidence ! Poursuivant comme si de rien n'était, mon associée nous laissa une marge de temps pour rejoindre le coincé du cul à Washington. Et m'ordonna de trouver quelques armes efficaces et discrètes -parfait, je venais justement d'en mettre une au point !
Je ne précisai pas à Peggy que, le micro fonctionnant seulement dans un sens, notre bon lord anglais n'avais aucun moyen de savoir qu'elle avait répondu -je lui expliquerais ça dans l'avion, cela ne pressait pas.
Lorsqu'elle quitta mon bureau dans un tourbillon, je la suivis sur quelques mètres avant de me diriger vers mon armurerie personnelle -contenant des armes à l'état de prototypes ou que je jugeais trop dangereuses pour être fournies à n'importe qui.
Je m'emparai de la version miniaturisée du module projetant une onde assommante -celui-ci avait une plus petite portée, mais il se présentait comme un sac à main de dame-, mon stylo-appareil-photo -ça pouvait toujours être utile-, ainsi que trois revolvers discrets -qui tenaient dans la manche sans faire de bosses- et deux gilets pare-balles ultrafins -de ma propre création. Pas question que les directeurs du SHIELD soient blessés !
Je retrouvai Peggy au garage, et nous montâmes dans ma voiture personnelle -celle que je préférais, la troisième version de « voiture volante » que j'avais mise au point.
Nous fûmes à l'aérodrome en sept minutes, et dans le ciel de New York onze minutes plus tard. Je n'avais jamais été aussi efficace, mais avec Peggy sur les talons, mieux valait me tenir à carreaux !
Une fois à Washington, nous prîmes l'une des voitures réservées aux propriétaires des jets privés qui atterrissaient à l'aéroport, et filâmes vers l'adresse des bureaux du sénateur Roose.
Mornet nous attendait à l'angle de la rue.

Nous arrivâmes dans une voiture bien trop tape-à-l'oeil à mon goût, mais nous n'avions pas vraiment eu le choix, du moins si j'en croyais les affirmations d'Howard. Et les vitres n'étaient même pas blindées... Enfin, au moins, mon associé conduisait -il avait refusé, enfin j'avais refusé, le chauffeur. C'était déjà ça.
Howard gara la voiture à quelques mètres de celle de Sir Mornet, et nous sortîmes tous les deux du véhicule, puis nous dirigeâmes vers le Lord anglais. Je grinçai des dents lorsque Mornet oublia encore une fois de m'appeler correctement, et lui répondis d'un ton que j'espérais tranchant mais pas trop acerbe non plus -je n'oubliais pas qu'il pouvait s'avérer un allié de choix dans l'extension du SHIELD :

De la même manière que lorsque je lui avais répondu dans le micro, je pausai une seconde avant de reprendre, d'un ton légèrement moins acide :

Je pris le temps de l'observer. Et crus déceler une faille dans son visage si figé. Ah, tiens, il semblerait que le Lord n'ait pas pensé à cela... Je retins un sourire satisfait, et lui tendis la pochette qui contenait la clause.

Puis, avant qu'il n'ait eu le temps de répondre, je lui fourrai la pochette dans les mains et me détournai de lui pour observer la rue. C'était une rue résidentielle, très calme. Même les boutiques au rez-de-chaussée des immeubles avaient l'air désertes. Parfait. Si, comme je le soupçonnais, nous devions en arriver à un échange de coups de feu ou à l'usage des armes d'Howard, autant éviter un maximum de victimes collatérales. Le bureau du sénateur ne donnait malheureusement pas sur la rue, aussi il n'y avait aucun moyen pour moi de savoir ce qu'il se passait à l'intérieur.
Mais le fait que Sir Mornet nous ait appelés, Howard et moi, en renfort, prouvait que la situation était sérieuse, sinon désespérée. Après tout, il nous avait appelés après avoir découvert que nous l'avions espionné !

Bon, d'accord, la voiture de luxe prêtée par l'aéroport n'était pas des plus discrètes. Mais au moins, elle avait le mérite d'aller vite ! Je me garai dans un crissement de pneus à quelques mètres de notre cher lord coincé du cul, et sortis de la voiture en arborant un grand sourire satisfait.
J'ouvris la bouche pour répondre à Mornet, mais Peggy me prit de court, et lui cloua le bec. Vu la tête qu'il tira, il ne s'attendait pas du tout à ça ! Et tant mieux. J'adorais quand mon associée fermait le clapet des gens, encore plus lorsque ce n'était pas le mien. Et je décidai que ce que je préférais, c'était quand elle le faisait à un lord anglais trop guindé pour être naturel.
Je la regardai d'un air surpris lorsqu'elle parla de la clause de confidentialité. Pardon ? Elle ne m'en avait pas parlé... Mais quel coup de génie ! En plus, nous allions pouvoir récupérer la signature de Mornet, et Dieu seul savait à quoi elle allait pouvoir me servir...
Imitant Peggy, je regardai la rue autour de moi. Je savais qu'elle cherchait la présence de badauds, curieux, touristes en tous genre, pour éviter un maximum de blessés, disons, civils. Je n'avais pas du tout sa formation -et je n'avais pas envie de l'avoir. Mon truc, c'était inventer des choses extraordinaires, pas être agent de terrain. Ah, et je finançais aussi le SHIELD, mais je n'avais aucune envie de me retrouver dans un échange de tirs. Bah, puisque j'étais là...
Nous avions enfilé nos gilets pare-balle dans l'avion, aussi nous étions plus ou moins protégés. Mais bon... Je n'aimais pas trop ça.
Après tout, un homme qui découvre qu'il a été espionné n'a pas pour premier réflexe d'appeler à l'aide les espions en question, à moins que la situation ne soit vraiment une merde phénoménale.
Je soupirai, et me tournai vers Mornet, qui avait toujours la pochette à la main.

J'avais volontairement "oublié" son titre, pour venger un tant soit peu mon associée. On ne diminuait pas la grande Peggy Carter comme ça, non mais !