The Quiet War - Howard & Elisa

Trésor, tu me fais un café en plus de me taper le rapport?
Ah bon, un grand garçon comme vous ne sait pas se servir d'une cafetière? C'est fou, on devrait proposer ça comme cours du soir au SHIELD, ça doit être difficile de ne pas être capable de se servir une tasse.

Il grogne et tourne la tête, retournant au dossier qu'il est en train d'examiner. Je souris en coin, essayant de ne pas fanfaronner quand même de cette petite victoire. S'il n'y avait pas eu miss Carter, jamais je ne me serais permis de dire ça mais en la voyant elle, si fière, si forte, et qui ne se laisse pas marcher sur les pieds... j'ai envie de suivre son exemple, et de prouver que ce n'est pas parce que je suis jeune et une femme, qu'ici je ne suis qu'une simple secrétaire que je dois me faire marcher dessus. Et que si je suis là pour leur donner un coup de main, je ne suis ni leur mère, ni leur femme. Fiere de ma petite victoire j'attrape le dossier qui était posé sur le coin de son bureau et retourne au mien, dans le pôle des secrétaires. Je prépare ma machine, glissant une nouvelle feuille et place les feuilles dans l'ordre avant de me mettre à taper et recopier sagement les notes bourrées de fautes de l'argent Summers...

Une bonne heure plus tard je sors la dernière feuille, m'étire avant de me lever et vais glisser la liasse de feuilles dans le casier prévu pour les rapports à valider et archiver. Je range les notes de l'agent Summers dans un autre casier et je vais me servir un café, prenant une petite pause bien méritée. Je passe ensuite la tête par le bureau de miss Carter pour savoir si elle a besoin de quoi que ce soit, et tape quelques courriers qu'il faut qu'elle envoie avant qu'elle ne me demande de lui chercher un dossier aux archives. J'y vais tranquillement, sauf qu'arrivé à l'étage des labos, je vois au loin le vieux Wesson. C'est un vieux type bedonnant et sale, qui empeste la cigarette et dont les ongles sont jaunes de nicotine. Et à chaque fois qu'il me croise, il vient toujours bien trop près, et me colle toujours trop, m'imposant son odeur de transpiration et son haleine fétide, sans compter ses mains baladeuses. Franchement, là, j'ai envie de tout sauf de me retrouver seule avec lui dans un endroit désert.

Elisa trésor!

Mon coeur rate un battement. Il m'a vue. Oh non. Il faut que je file de là. Je tourne la tête tout autour de moi pour trouver une issue, un endroit où me cacher. Je commence déjà à entendre son pas lourd dans le couloir d'à côté et je remarque la porte du labo de Howard Stark. Vite. Je pose ma main sur la poignée et soupire de soulagement en ouvrant la porte, me glissant à l'intérieur et refermant derrière moi grâce au verrou. Je reste adossée à ce morceau de bois, le souffle court et ne bougeant pas d'un pouce de peur qu'il me trouve. Et je manque de crier quand j'entends la poignée se baisser, lutter pour tenter de l'ouvrir, avant de finalement abandonner pour aller plus loin. C'est seulement là que je me remets à respirer librement, mon coeur se calmant petit à petit dans ma poitrine. Gros dégoûtant... J'espère que je ne le croiserai pas au retour... Je me tourne alors, et en profite pour inspecter et visiter cet endroit qui en général est toujours vide, ou occupé par Stark en personne. Le grand Howard... mon regard erre sur son bureau, les montagnes de papiers, d'outils, de pièces de métal et autres qui s'y mélangent dans un joyeux bazar. Puis en me tournant je remarque le grand tableau noir couvert d'inscriptions serrées et écrites à la hâte. Je fronce les sourcils, commençant à parcourir les calculs depuis le début et suivant sa progression. Sauf que... qu'il y a une faute. Au début je me dis que c'est moi qui ai dû me tromper mais après avoir repris le calcul trois fois j'en arrive à l'évidence : il s'est trompé dans l'équation de Perkins. Alors, timidement, comme si j'allais rajouter une moustache à un tableau de De Vinci ou du Caravage, j'attrape la craie, et efface les quelques fautes du bout des doigts avant de corriger les erreurs, et je repose la craie, m'essuyant les mains sur ma jupe. Puis je file sur la pointe des pieds et referme la porte du laboratoire derrière moi, et me dépêche de remonter pour ne pas croiser le gros Wesson et ses mains baladeuses.

Je soupire de soulagement quand, en passant la tête hors du labo de Stark je vois que la voie est libre et que je peux remonter tranquille jusqu'à mon bureau. Je referme soigneusement la porte et trotte rapidement jusqu'à l'ascenseur, guettant le moindre bruit de pas suspect. Mais tout va bien, il est parti. Contente et soulagée je vois les portes de l'ascenseur se refermer et me ramener de façon sûre au bon étage. Même si je retiens mon souffle à chaque fois que les portes s'ouvrent, craignant de voir le dégueu Wesson débarquer à chaque étage. Mais tout va bien, et j'arrive à bon port. Je me remets à mon bureau, termine de taper un autre rapport et alors que je revenais à ma place et que j'échangeais quelques mots avec Mildred, on entend les talons de miss Carter s'approcher et je me glisse vite fait sur ma chaise. Elle s'approche de nous et se racle la gorge. Tout le monde cesse immédiatement ce qu'il fait et lève docilement la tête. Les mains ont reposé leur stylo ou se sont éloignées des touches des machines à écrire, et même le téléphone s'est arrêté de sonner, comme par magie. Un peu comme si on avait pris une photo de cet instant car rien ne bouge. Je la vois nous sourire légèrement et se tenir les mains, en se penchant légèrement en avant. Signe qu'elle est préoccupée.

Mesdames. Monsieur Stark m'a informée qu'un incident serait survenu dans son laboratoire cette nuit et m'a demandé de rassembler toutes les personnes qui sont rentrées dans son bureau entre le moment où il est parti hier soir, à savoir aux alentours de dix huit heures trente, et ce matin, vers huit heures. J'invite donc toutes celles d'entre vous qui sont concernées, ou qui auraient vu quelque chose, à venir me suivre. Les autres vous pouvez reprendre le travail.

On échange des regards un peu nerveux et inquiets et lentement je me lève. En tout nous sommes trois. Et comme par enchantement, d'un coup, tous les bruits reprennent : machine à écrire, stylos, discussions, et même le téléphone. Les trois ''élues'' suivent miss Carter comme des condamnées à l'échafaud et elle nous emmène dans le bureau de Stark. Rien ne trouble le silence à part nos talons sur le sol, et quand nous entrons nous voyons l'inventeur de génie et une partie de nos collègues, des agents de terrain, des formateurs et même du personnel d'entretien. On rejoint les autres comme des brebis qu'on emmène à l'abattoir et une fois près du groupe Stark parle enfin. Ses mots sont durs et on se regarde. Qu'est ce qu'il appelle par ''crime''? Je parcours la pièce du regard, il n'y a pas de sang... quelqu'un est mort? Je lis la même incompréhension sur tous nos visages dans un silence qui dure quelques secondes. Et voyant qu'il n'y a pas de réponse, je le vois soupirer et reprendre. Par crime, il entend que quelqu'un a touché au tableau noir... et si la majorité des personnes présentes poussent un soupir de soulagement et sourient, rassurées, soulagées ou tout simplement amusées par la dramatisation qu'en fait Stark, mon coeur à moi rate un battement. Parce qu'autant un crime, j'étais certaine de ne pas en avoir commis... autant je suis la seule concernée par le tableau. Et la colère sur le visage de Stark ne présage rien de bon. Bon sang Ellie pourquoi tu as fait ça? Pourquoi tu as voulu jouer la miss Je sais tout comme d'habitude? Maintenant je vais me faire virer... Mon coeur tambourine dans ma poitrine mais il faut que je me dénonce. C'est moi la fautive. Alors timidement, la mort dans l'âme, je lève doucement la main et fais un pas en avant.

Je... c'est de ma faute monsieur Stark. C'est moi qui ai corrigé l'équation sur le tableau en venant vous ramener un rapport ce matin... Je suis...désolée... Je n'aurais jamais dû faire ça...

Je baisse la tête, honteuse, espérant en être quitte pour un simple soufflage dans les bronches et pas pour un renvoi en bonne et due forme. Pas alors que je commençais à avoir un peu de galon...