Ellis Kane ► La musique est un cri qui vient de l'intérieur (terminé)

Ellis Kane est née le 18 juin 1920, d'un père diplomate - et ancien soldat - et d'une mère infirmière, qui a rencontré celui qui allait être le père de sa fille durant son adolescence et qui allait l'épouser pour fêter la victoire des Alliés en 1918.

Au début, la vie de la fillette semblait sous de bons auspices ; elle était en pleine santé, ses parents étaient heureux, le monde était en paix, que demander de plus ? Elle développa une curiosité sans faille, cherchant à combler sa soif de connaissances par tous les moyens, ce qui avait amené son père, lors d'un retour de mission diplomatique d'Egypte, à lui offrir des jouets d'éveil assez sophistiqués - du genre un mini casse-tête en bois - qui occupèrent l'enfant jusqu'à ses cinq ans. L'année où elle perdit sa mère, alors qu'elle était enceinte de trois mois, des suites d'une fausse couche mal gérée par le personnel médical de l'hôpital de Manhattan où elle avait été emmenée.

Si le père mit du temps à s'en remettre complètement, Ellis, elle, n'avait pas encore compris ce qu'il s'était passé. Et elle accompagnait désormais son père dans tous ses déplacements par le monde, ce dernier ne voulant pas la laisser seule. C'est ainsi qu'elle apprit, grâce à son hypermnésie diagnostiquée au cours d'un séjour en Suisse, plusieurs langues autres que l'anglais, dont le français - encore considéré par certains comme la langue de la diplomatie - et qu'elle montra de l'intérêt pour la diplomatie.

A l'âge de six ans, elle reçut son premier violon, son père pensant qu'en tant que membre d'une bonne famille, elle devait avoir ne serait-ce que quelques bases en musique pour briller en société. C'était sans compter l'amour inconditionnel qu'Ellis allait désormais vouer à son violon, lorsqu'elle prenait des cours avec le maire de la petite ville où ils se trouvaient en villégiature à ce moment-là, en parallèle des cours de danse que le chef de famille avait fait donner à sa fille, et ce durant trois longues années, avant que la famille Kane ne déménage de nouveau, cette fois-ci en France, et pour un bon moment.


Toujours dans les bagages de son père, Ellis passait son temps libre à jouer de son violon, au point de charmer, un soir de juin, les invités de son père alors qu'elle se trouvait dans une autre pièce que le salon. Quand ils entendirent la mélodie qui s'échappait de la chambre de la jeune fille - elle approchait de ses quinze ans - ils l'invitèrent à se produire devant eux, ce qu'elle fit après avoir reçu l'assentiment paternel. Le morceau qui s'échappa des cordes du violon atteignit le cœur de ces messieurs et dames de la haute société, et ce fut le moment où Ellis mit un deuxième pied dans ce qui allait devenir pleinement son univers par la suite.


Durant quatre ans, elle sillonna les salons des ambassades étrangères puis les grandes scènes pour se produire, faisant la fierté de son père. Et puis la Seconde Guerre mondiale frappa à leur porte, en septembre 1939, les amenant à rentrer sur injonction de Washington pour les protéger contre la folie nazie - sans pour autant encore entrer en guerre, je ne vous ferai pas l'affront de vous rappeler quand ils l'ont décidé - mais Ellis n'avait pas l'intention de rester les bras ballants pour autant. Usant de sa notoriété, elle reprit contact avec les ambassadeurs restés en France malgré l'invasion nazie et qu'elle savait ne pas soutenir l'envahisseur, et s'engagea dans la Résistance, pratiquement en même temps et de la même manière qu'une certaine Joséphine Baker, utilisant ses partitions pour faire passer des messages aux Résistants et profitant des soirées mondaines où elle était conviée pour dérober des informations secrètes.

Elle resta ainsi, en alternance entre la zone libre et la zone occupée, jusqu'à la fin de la guerre, où elle fut reconnue comme une héroïne de par les risques qu'elle a pris et reçut pas mal de récompenses militaires - moins que Joséphine, qui elle reçut à peu près tous les honneurs possibles - avant de rentrer chez elle.

Quand elle foula de nouveau le sol américain, à New York, une foule entière vint la récupérer et la féliciter. Son père, aux tempes devenues grisonnantes, eut juste le temps de la serrer dans ses bras avant de l'emmener au Congrès, où elle fut de nouveau félicitée pour ses actes de bravoure. Quand on lui demanda ce qu'elle comptait faire désormais, elle eut cette réponse sincère :

Ne vous en déplaise, je compte dédier ma vie à la musique, à la paix et à mon pays. Je continuerai à les défendre de toutes les manières possibles et imaginables, et ce jusqu'au bout.

Elle fut longuement applaudie, et ce jour marqua le début de sa carrière solo, d'abord aux Etats-Unis puis un peu partout dans le monde. Pendant deux ans elle sillonna les pays, œuvrant pour la paix en coulisses à chacun de ses déplacements, même si ses efforts ne furent pas toujours couronnés de succès.

En 1948, elle décida de rentrer en Amérique, plus précisément à New York, où, pour faire plaisir à son père vieillissant et pour renouer avec son amour du savoir, s'engagea dans des études de droit international, tout en continuant à jouer de son violon. Ce fut à ce moment qu'elle fut remarquée par un agent du SHIELD, qui fit un rapport à sa supérieure hiérarchique concernant la demoiselle avant de l'approcher ; c'est ainsi qu'elle rejoignit l'agence de renseignements, son violon, son éternelle bonne humeur et son savoir dans ses bagages, prête à donner de nouveau de sa personne si besoin était.